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LA BOîTE DE LUMIèRE

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Musique : http://incompetech.com/music/royalty-free/
Dvorak-4romantic pieces-op75-allegro-moderato;Danse Macabre :Light Dance"; Melodie Victoria; boite à musique; Plaint;
Illustration d'après pixabay.com domaine public






Texte ou Biographie de l'auteur

Inventée, écrite et lue pour les enfants par Sabine....

Je l'ai mise dans le domaine public, faites-en ce que vous voulez!

 


La boîte de lumière


 


Il était une fois, un petit village, bien gai, tout fleuri, où les gens vivaient tranquillement. Mais au bout de ce gentil village, tout au bout, vivait une sorcière, dans une vieille cabane de planches. Elle était très laide, portait de vieux habits gris et marchait à l’aide d’un grand bâton, duquel elle menaçait tous ceux qui croisaient son chemin. Et elle ne sentait pas très bon. Comme elle était méchante, cette sorcière! Chaque fois qu’elle venait chercher de l’eau à la fontaine, sur la petite place de la mairie, elle donnait des coups de pieds aux enfants. Les habitants s’indignaient, mais n’osaient pas trop s’en prendre à elle, car ils savaient qu’elle avait des pouvoirs magiques.


Mais un jour la sorcière exagéra. Elle bâtit le fils de la boulangère, qui n’avait pas eu le temps de s’échapper en la voyant arriver. Elle lui donna sur l’épaule un grand coup de bâton. Le garçon s’en trouva presque assommé et s’enfuit en hurlant de douleur. Les habitants en furent excédés. Ils s’armèrent à leur tour de bâtons et rouèrent de coups la sorcière.


– Je me vengerai, cria la sorcière. Je me vengerai. La nuit éternelle régnera sur le village.


Les habitants tremblèrent de peur. Et ils eurent raison.


 


Car depuis ce jour, le village vit dans la pénombre. Pas dans la nuit totale, non. Mais le ciel est toujours très gris, bien qu’il n’y ait jamais de nuage. Il fait toujours froid, et plus personne ne voit briller le soleil. Alors, il n’y a plus de fleurs. Les enfants ne jouent plus autour de la fontaine, et les gens sont devenus tristes.


 


Anniette et son papa, le docteur Levasseur, vivent dans ce village. Ils habitent une grande maison, près de la mairie. Anniette a huit ans. Sa maman est morte, il y a bien longtemps, mais son papa et sa nourrice, Célestine, sont bien bons pour la petite fille. Au rez-de-chaussée, il y a une grande pièce qui sert de cabinet au docteur Levasseur, pour recevoir les malades. Quand il n’y a personne, Aniette s’installe au bureau et joue au docteur avec ses poupées. Elle fait comme son papa.


– Allons, lui dit Célestine. Il va falloir monter dans votre chambre, votre papa va descendre. Il y a déjà beaucoup de personnes, dans la salle d’attente.


– Puis-je jouer dans le grenier, aujourd’hui, Célestine?


– Le docteur n’aime pas trop vous voir là-haut. Le plancher n’est plus très solide.


Anniette se jete au cou de sa nourrice en la couvrant de baisers:


– Célestine, ma Célestine, je t'’aime. Je ne dirai rien à papa, promis! murmura-t-elle.


Comme chaque fois, Célestine se laisse attendrir, et cède à la petite fille. D’ailleurs Anniette est une petite fille bien élevée, qui ne fait pas de bêtises dans le grenier. La plupart du temps elle se déguise d’une robe et d’un chapeau, qu’elle trouve dans la malle en osier, et lit un livre qu’elle choisit parmi ceux de la longue étagère. L’étagère du dessous. Elle voudrait bien lire les livres de l’étagère du dessus, ou attraper les différents objets qui s’y trouvent. Mais il faudrait monter sur une chaise, quitte à en tomber. Cela ferait beaucoup de bruit, papa entendrait tout et ne serait pas content. Anniette a lu beaucoup de livres, mais celui qu’elle préfére est « Les malheurs de Sophie » de la Comtesse de Ségur. Sophie n’est pas une petite fille bien sage comme Anniette, certes, mais elle est très gaie... et a la permission de jouer dehors.


Le Docteur Levasseur entra dans son cabinet, et trouva la nourrice, Anniette dans les bras, parlant à voix basse.


– Allons, allons, dit-il qu’est-ce que vous tramez encore derrière mon dos, toutes les deux?


Il avait froncé ses sourcils, mais on sentait son sourire dans sa voix. Le docteur se réjouissait de la complicité de celles qu’il appelait « ses deux femmes ». Anniette avait tant souffert de la perte de sa maman. M. Levasseur était un grand homme, aimable, encore jeune, toujours vêtu d’un costume bleu. Il était très aimé au village, mais comme ses habitants, il avait le regard triste, comme le ciel.


Célestine retourna à sa cuisine et Anniette monta au grenier en riant, sur la pointe des pieds, pour ne pas faire grincer les marches.


Elle n’a pas très envie de lire, aujourd’hui. Alors elle parcourt des yeux le grenier, à la recherche du cheval à bascule, quand une boîte posée sur l’étagère du dessus l’interpelle.


Anniette est ravie:


– J'ai bien grandi, se dit-elle en se hissant sur la pointe des pieds. Avant, je ne voyais pas même pas la boîte. Voilà! Je t’ai attrapée, petite boîte. Tu es bien jolie.


La boîte n’est pas très grande, en bois très finement sculpté. Elle ressemble beaucoup à celle qui est posée sur la console du salon. Mais celle du salon est fermée à clef. M. Levasseur, de temps en temps l’ouvre, le dimanche, quand ils sont ensemble à prendre le goûter sur les fauteuils. C’est un vrai ravissement pour Anniette, qui voit alors une danseuse sortir de la boîte et tourner sur elle-même. Il y a aussi une très jolie musique qui donne envie de danser. Et surtout, papa parle de maman, qui, tous les jours, ouvrait la boîte, pour Anniette, avant d’aller se coucher. Mais Anniette ne se souvient plus, elle était trop petite.


La boîte du grenier n’est pas fermée à clef, elle. Anniette l’ouvre facilement. Alors, à la grande surprise de la petite fille, une immense lumière surgit de la boîte. Elle envahit tout le grenier, puis se répand à travers le plancher, à travers les murs, par la fenêtre, partout, partout. Anniette reste pétrifiée sur place, comme une statue. Elle n’a jamais vu autant de lumière. Que c’est beau...


Mais déjà papa arrive. Elle l’entend qui monte les escaliers quatre à quatre.


– Je crois que j’ai fait une énorme bêtise, pense-t-elle.


Déjà les larmes lui viennent aux yeux.


Mais contre toute attente M. Levasseur n’est pas fâché. Il attrape Anniette et la sert très fort dans ses bras.


– Pardon papa. J’ai juste ouvert un petit coffret en bois.


– Viens avec moi, répondit seulement M. Levasseur.


Il saisit Anniette par la main, et l’emmene très vite dans le jardin. Quel émerveillement ce fut pour Anniette! Il y avait de la lumière partout. Le soleil brillait à nouveau.


Cependant, M. Levasseur s’assoit sur le banc, où il entraîne Anniette, et se met à pleurer.


– Papa, lui dit Anniette. N’es-tu pas heureux que la lumière soit revenue?


– Il faut que je te dise un secret, ma pauvre petite fille. Tu connais la raison pour laquelle il n’y a plus de soleil sur notre village?


– Bien sûr papa. C’est la sorcière qui l’a prise.


– Oui, mais ce que tu ne sais pas, ce que personne ne sait, pas même Célestine, c’est que la sorcière m’a donné la boîte dans laquelle elle a enfermé la lumière. Elle m’a dit que je devais la garder éternellement, et que si je l’ouvrais, elle viendrait te tuer. Ma pauvre petite fille, comment te protéger maintenant?


Anniette sentit une grosse boule se former dans sa gorge, et elle pleura beaucoup, sur le banc du jardin, avec son papa.


Pendant ce temps, tous les habitant du village étaient sortis dans les rues. Ils dansaient, chantaient, riaient, sautaient et criaient de joie.


– La lumière est revenue, hourra! hourra!


– Vive le soleil!


– Comme il fait chaud, hourra!


Voyant le père et sa fille pleurer, une jeune femme s’approcha.


– Eh bien, M. Levasseur, que vous arrive-t-il? Vous ne vous réjouissez pas avec nous, que le soleil soit revenu?


– Hélas, mademoiselle, la sorcière se vengera.


– La sorcière? s’étonne la jeune femme. Mais la sorcière est morte!


– Morte? s’écrie le docteur.


– Oui. Quand la lumière est revenue, elle est arrivée en courant à la fontaine. Mais elle était tellement en colère que son cœur n’a pas résisté. Elle s’est effondrée d’un coup, toute morte.


Et la jeune femme poursuivit sa course dans les rues, en riant.


Les larmes de papa et sa fille étaient déjà séchées quand Célestine les rejoignit. Et ils vont aussi, tous les trois, au travers du village, crier leur bonheur.


 


Le soir même, on fit une grande fête sur la place de la mairie. M. Levasseur fit longuement la conversation à la jeune femme qui lui avait annoncé la mort de la sorcière. Il la trouva bien jolie, et la jeune femme trouva le docteur bien aimable…


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