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RESPECT DE LA LAïCITé

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Photo:Éole
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Respect de la laïcité

Nous avons en Europe deux problèmes. L’un est la défense d’une laïcité juridiquement fixée en France par la loi de 1905 et toujours contestée par le Vatican et par ses représentants. L’autre est son interprétation par l’intégrisme musulman appuyé par ses mentors orientaux et s’exprimant chez nous par des imans autoproclamés.

La provocation de la fille-candidate à la succession de son père au FN à propos de l’occupation de la rue pour des prières publiques paralysant la circulation, sans qu’il y ait de réaction ni des autorités ni des élus ni des journalistes a été source d’une multitude de commentaires.
Au-delà de la comparaison qui s’est voulue provocatrice, il y a le fait qu’elle a souligné la complaisance des pouvoirs publics, tant la crainte de relever de l’islamophobie paralyse les réactions qui auraient dû exister depuis longtemps.
Les manifestations religieuses sur la voie publique doivent être autorisées et ne pas être contraires à l’ordre public. Or, elles n’ont pas été autorisées et elles gênent la circulation. Elles sont de fait une prise du domaine public pour des extériorisations religieuses qui s’imposent périodiquement, une fois par semaine, au voisinage.
Certains remarquent avec raison que l’on n’avait pas besoin du FN pour savoir et pour réagir, mais on ne l’a pas fait. Se plaindre maintenant que la famille Le Pen a su en tirer bénéfice et que cela leur a permis de se manifester en hérauts de la laïcité, c’est arriver bien tard sur ce terrain. N’aurait-il pas fallu le dénoncer depuis longtemps et ne serait-on pas coupables de laxisme pour de pas l’avoir dit avant eux ?...
Car les accommodements et l’usage laxiste de la bienveillance religieuse sont tellement devenus courants que personne ne trouve anormal les arrangements avec la loi de 1905 et les financements parallèles (soi-disant culturels) de lieux de culte. Cela fait sourire les élus locaux qui se disent laïques, mais qui sont complaisants avec les détournements de l’art. 2 de la loi de 1905 qui refuse la prise en charge des cultes par de l’argent public.
A force d’accommodements et de finasseries on a fini par banaliser le non respect de la laïcité de l’Etat et l’on a sapé les fondements de la séparation des églises et de l’Etat. Car à gauche comme à droite on court après les votes « communautaires » des croyants et des sympathisants religieux de l’une ou l’autre confession.
Il y a peu, on a assisté au spectacle navrant d’un Président de la République Française assistant seul à un office à St. Pierre de Rome, faisant des signes de croix embrouillés et approximatifs, tandis que les journaux espagnols et italiens faisaient des gorges chaudes sur le refus que le Vatican aurait opposé à la présence de l’épouse du Président à cette rencontre avec le Pape. Notre Président s’est laissé ridiculiser pour faire plaisir aux catholiques français inquiets par les critiques du Pape sur les expulsions de Roms, relayées par des évêques français.
Pauvre laïcité à la française qui a force de devenir positive deviendrait allégeance à Rome, oubli du passé et effacement de l’histoire du 19è siècle qui a abouti à l’équilibre de 1905 avec une séparation qui permet enfin le respect réciproque !... Une séparation souvent oubliée dans les faits !...
La « première » religion de France bénéficie encore et toujours de tolérances et d’oublis de l’art. 2… la laïcité n’est invoquée que quand cela arrange. Elle est déclinée à partir de définitions de complaisance dont on tire logiquement les conséquences que l’on souhaite.
J’en ai fait un combat de définir la laïcité à partir de la loi de 1905, pour bien séparer ce qui est sa définition et ce qui ne sont que les conséquences logiques de cette définition qui exige la neutralité des institutions officielles et des personnes qui y exercent. Il suffit de revenir à mon site www.republicains-laiques-audois.org pour en trouver maints témoignages.
Mais les accommodements ne se font pas seulement avec Rome et les représentants du Vatican.
Car sous prétexte d’islamophobie, la gauche préfère se taire et laisser dénoncer par la droite seule les excès islamistes. Prudence qui devient couardise à la fin. On ne pourrait, selon certains, s’opposer à des usages provocateurs sans devenir des sectaires sympathisants de la droite extrême !
Ainsi, Marine Le Pen vint… et l’on s’est montrés extrêmement choqués de son audace. Au-delà de son dérapage verbal volontaire et inadéquat sur l’occupation nazi, on s’offusque de son habileté à récupérer le sentiment de rejet de cette emprise ostentatoire sur le domaine public par des musulmans en prière. On lui refuse la qualité laïque en fonction de son environnement politique. On ne veut retenir que son opposition aux immigrés, qui se cacherait sous son rappel de la laïcité, mais qu’avons-nous fait avant pour dénoncer nous-mêmes cette occupation de la rue ?...
Des enseignants français se font interpeller au collège par leurs élèves de confession musulmane pour contester l’opportunité de dire tel ou tel aspect de l’histoire qui ne leur convient pas. Contestation religieuse partisane qui tend à n’accepter que ce qui est conforme au dogme.
Ces jours-ci vient de se produire au sud d’Espagne un cas typique de cette contestation. Un professeur d’histoire et géographie a fait une allusion au froid régnant en disant que cela favorisait le séchage des jambons… On sait que c’est une tradition alimentaire en serrano ou en ibérique dans la région… Un élève a dit cela à ses parents qui ont demandé des sanctions disciplinaires et qui ont porté plainte devant la justice pour atteinte aux convictions des musulmans !...
Au-delà du ridicule, ces demandes de censure, ces exigences de plier l’enseignement devant les religions, majoritaires ou minoritaires, contreviennent à la neutralité de l’école qu’on voudrait rendre conforme aux contraintes religieuses. A quand la demande d’interdiction des charcuteries dans les rues parce que le jambon ou le porc seraient exposés à la vue de musulmans et qu’ils ne pourraient pas souffrir cette vue qui offenserait leur religion !... A Lérida, un imam a créé une police qui se charge d’admonester leurs coreligionnaires supposés qui ne sont pas assez respectueux des prescriptions alimentaires ou vestimentaires auxquelles il voudrait les soumettre.
Comment peut-on apprendre à exercer son libre arbitre et à développer un esprit critique si l’on refuse la diversité des opinions et des confessions et si l’on veut censurer même les expressions courantes du langage, qui n’ont rien à voir ni avec l’insulte ni avec le prosélytisme ?... Savoir que l’on sèche les jambons en Espagne peut-il être assimilé à une atteinte à la religion musulmane ?... Un musulman doit-il l’ignorer ?...
A travers ces exemples actuels de provocation, s’ajoutant à tant d’autres, je voudrais souligner combien ces exigences de minorités intégristes envers les sociétés d’accueil finissent par provoquer des rejets. Ils sont injustes dans leur globalité, mais aucune société n’admettra que ceux qui viennent de dehors dictent leur loi aux autres.
La gauche, qui se veut respectueuse des droits humanitaires, est dans son rôle quand elle veille à ce qu’ils bénéficient à ceux qui ont choisi de vivre parmi nous. Mais elle ne sert pas leur cause en s’inclinant devant les dictats religieux des exaltés qui veulent les imposer à toute la société. Beaucoup de nos concitoyens pensent de plus en plus qu’il faut refuser les provocations des intégristes quels qu’ils soient, y compris des islamistes.
Si la gauche ne comprend pas cela, si elle persiste à céder devant les poussées d’exigences islamistes,… alors ne nous étonnons pas que l’extrême droite recueille l’adhésion de ceux qui ne supportent pas le laxisme. Rien ne sert d’accuser ces citoyens de céder aux sirènes de l’extrémisme politique, quand on a fait tout pour cela en se confortant d’un angélisme aveugle devant des réalités qu’on a voulu ignorer.
Mieux vaudrait que la gauche, comme la droite, s’en tiennent à un discours laïque authentique, sans laxisme ni compromissions. Alors la laïcité avancera sans avoir besoin des extrêmes politiques qui veulent la manipuler. Il faut commencer par un meilleur respect de la laïcité par les autorités et par les élus dans leurs agissements quotidiens.

Raymond BELTRAN
Le 23 décembre 2010



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