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DIFFAMATION DES RELIGIONS ?

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Diffamation des religions ?


Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté le 26 mars une résolution condamnant la « diffamation des religions. »


A priori il n'y aurait rien à dire s'il s'agissait de diffamer, c'est-à-dire porter atteinte à la réputation de manière calomnieuse. Mais on voit bien que derrière ce mot, qui semble acceptable, se cache en fait l'interdiction de toute critique ou mise en cause des religions, ce qui est inacceptable.

Cette motion a été présentée par le Pakistan et a été votée par 23 membres du Conseil : les pays musulmans, la Chine, la Russie, Cuba, Afrique du Sud, Bolivie, Nicaragua. Ne s'y sont pas associés les pays de l'U.E., le Canada, la Suisse et le Chili parmi les 11 opposants à ce texte. Se sont abstenus 13 pays dont l'Inde.

Ce texte est inquiétant. Il est promu par des pays dont la tolérance à l'égard de la liberté d'expression ne brille pas particulièrement. Il est une attaque aux droits d'opinion de ceux qui ne partagent pas la religion dominante… et, la diffamation ainsi comprise pourrait s'étendre à d'autres domaines…

On sait l'importance de bien définir les termes juridiques pour éviter la dérive des interprétations extensives. A plus forte raison quand il y a traduction d'une langue à l'autre. Rien au niveau juridique international ne permet de clarifier cette notion de diffamation. Une chose est claire, elle est conçue comme une arme de répression qui interdirait toute expression critique des attitudes religieuses.

Nous pensions avoir avancé en occident et gagné en libertés individuelles depuis deux siècles… C'est un retour en arrière important. Toute accusation de pédophilie contre des prêtres catholiques aurait pu être considérée diffamatoire à l'égard du catholicisme… Cela fut le cas longtemps et étouffait toute possibilité de mettre en cause des clercs…

Dire que le créationnisme est une absurdité serait « diffamer » la religion. Si un musulman souhaite moderniser l'enseignement du Coran et l'adapter à notre époque, c'est déjà une diffamation pour les intégristes… et cela se condamne parfois de peine de mort dans des pays promoteurs de cette motion…

La Commission des droits de l'homme de l'Onu a été présidée il y a peu par la Lybie. C'est le paradoxe des Etats, membres d'une organisation internationale, avec tous les droits que cela comporte, et qui se permettent d'ignorer de façon systématique les principes fondamentaux de cette organisation. Au nom de la souveraineté et du refus des ingérences extérieures on justifie des attitudes et on manipule les opinions.

Le cas du Président soudanais accusé de crimes contre l'humanité au Darfour par un Tribunal international de l'Onu et, chef d'Etat, continuant à participer à des réunions internationales (de la Ligue arabe notamment) en présence du Secrétaire Général de l'Onu, est emblématique.

Les pays islamistes veulent ramener le monde à des pratiques sociales dépassées. Ils trouvent des alliés dans des pays dits progressistes mais qui voient un intérêt à utiliser ces armes idéologiques. Elles confortent leur pratique autoritaire. Heureusement que cette « fatwa » de l'Onu n'aura pas d'effet dans nos législations occidentales…

Mais il n'est pas sûr que cela reste sans influence dans certains pays pour renforcer leur intolérance religieuse. Cela servira pour combattre la « modernité » occidentale et pour dresser des musulmans contre les droits de l'homme sous prétexte de défendre leur religion « diffamée ».



Raymond BELTRAN


Le 03 avril 2009

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