Retour au menu
Retour à la rubrique contes

NOëL 1913

Écoute ou téléchargement Commentaires

Biographie ou informations

Musique : Easy Lemon; Kevin MacLeod (incompetech.com)






Texte ou Biographie de l'auteur

Louis Dupire est né en Bretagne en 1887 et est mort à Montréal en 1942. Journaliste, il a collaboré à différents journaux, souvent sous le couvert d'un pseudonyme. Il entre au Devoir en 1912, et y reste jusqu'à sa mort, signant des billets, des nouvelles, des éditoriaux, différents articles. Il a été aussi correspondant parlementaire à Québec, puis à Ottawa. En 1919, il publie Le Petit Monde : recueil de billets du soir.


Noël 1913


Noël! Noël! La Terre attend son Roi. Comme une communiante,


elle s'est vêtue de blanc. Des fleurs fragiles de neige s'épanouissent


dans les arbres, les toits sont tendus d'hermine et


les rues voilent leur hideur.


Jésus va naître.


Les cent croix de la ville se dressent comme un acte de foi dans la


nuit étoilée. Au-dessous d'elles, les hommes se rappellent un moment


qu'ils sont tous frères dans la grande famille de la Chrétienté. Les pauvres


mêmes sont heureux, car Noël est leur fête. Les premiers, comme naguère


les bergers, ils entendent le carillon de la messe de minuit qui, s'éveillant


dans les pierres grises de Notre-Dame, gagne, petit à petit, en une marée


montante d'harmonie, les clochers, les dômes et les tours. La voix du


bronze vient mourir, contre les vitres hermétiques et les rideaux lourds,


mais elle entre, sans peine, gaie et sonore, par les lucarnes disjointes des


mansardes.


 


Les églises, tristement closes par ailleurs, tendent aux guenillous, cette


nuit-là, leurs deux battants ouverts, et jusqu'au matin, près de la tiédeur


des calorières, ils pourront voir danser la lumière d'or des cierges, respirer


les parfums de l'encens, recevoir dans leurs âmes, enveloppé de la


grande voix de l'orgue, l'apaisement des vieux cantiques, et rapprocher


avec fierté leurs loques de celles de l'Enfant-Dieu. Et pendant qu'à la


douce chaleur, leur viendront avec des somnolences, des rêves de bonheur,


peut-être que des anges en robe noire - il en est à Montréal -


iront chez les enfants laissés sans crainte au foyer, puisque les poêles sont


éteints, emplir les bas pendus que des trous agrandissent.


 


 
Source: http://www.bibebook.com/files/ebook/libre/V2/dupire_louis_-_le_petit_monde.pdf

Retour à la rubrique contes
Retour au menu