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HISTOIRE DE BEDER PRINCE DE PERSE

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Musique : Balzan Groove: http://incompetech.com/music/royalty-free/
Illustration: Léon Carré (Granville, 1878 - Alger, 1942)http://expositions.bnf.fr/1001nuits/albums/1001/






Texte ou Biographie de l'auteur

Les Mille et Une Nuits (Anonyme)

Les nuits ne sont plus comptées. Vous retrouverez les contes de Sheherazade histoire par histoire.


Traduction de Antoine Galland, orientaliste français (Rollot, Picardie 1646 – Paris 1715).



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HISTOIRE DE BEDER, PRINCE DE PERSE,
ET DE GIUHARE, PRINCESSE DU ROYAUME DE SAMANDAL.

La Perse est une paille de la terre de si grande étendue, que ce n’est pas sans raison que ses anciens rois ont porté le titre superbe de rois des rois. Autant qu’il y a de provinces, sans parler de tous les autres royaumes qu’ils avoient conquis, autant il y avoit de rois. Ces rois ne leur payoient pas seulement de gros tributs, ils leur étoient même aussi soumis que les gouverneurs le sont aux rois de tous les autres royaumes.


Un de ces rois qui avoit commencé son règne par d’heureuses et de  grandes conquêtes, régnoit il y avoit de longues années, avec un bonheur et une tranquillité qui le rendoient le plus satisfait de tous les monarques. Il n’y avoit qu’un seul endroit par où il s’estimoit malheureux, c’est qu’il étoit fort âgé, et que de toutes ses femmes il n’y en avoit pas une qui lui eût donné un prince pour lui succéder après sa mort. Il en avoit cependant plus de cent, toutes logées magnifiquement et séparément, avec des femmes esclaves pour les servir, et des eunuques pour les garder. Malgré tous ces soins à les rendre contentes et à prévenir leurs désirs, aucune ne remplissoit son attente. On lui en amenoit souvent des pays les plus éloignés ; et il ne se contentoit pas de les payer, sans faire de prix, dès qu’elles lui agréoient, il combloit encore les marchands d’honneurs, de bienfaits et de bénédictions pour en attirer d’autres, dans l’espérance qu’enfin il auroit un fils de quelqu’une. Il n’y avoit pas aussi de bonnes œuvres qu’il ne fit pour fléchir le ciel. Il faisoit des aumônes immenses aux pauvres, de grandes largesses aux plus dévots de sa religion, et de nouvelles fondations toutes royales en leur faveur, afin d’obtenir par leurs prières ce qu’il souhaitoit si ardemment.


Un jour que selon la coutume pratiquée tous les jours par les rois ses prédécesseurs, lorsqu’ils étoient de résidence dans leur capitale, il tenoit l’assemblée de ses courtisans, où se trouvoient tous les ambassadeurs et tous les étrangers de distinction qui étoient à sa cour, où l’on s’entretenoit non pas de nouvelles qui regardoient l’état, mais de sciences, d’histoire, de littérature, de poésie et de toute autre chose capable de recréer l’esprit agréablement ; ce jour-là, dis-je, un eunuque vint lui annoncer qu’un marchand, qui venoit d’un pays très-éloigné avec une esclave qu’il lui amenoit, demandoit la permission de la lui faire voir. « Qu’on le fasse entrer et qu’on le place, dit le roi ; je  lui parlerai après l’assemblée. « On introduisit le marchand, et on le plaça dans un endroit d’où il pouvoit voir le roi à son aise, et l’entendre parler familièrement avec ceux qui étoient le plus près de sa personne.


Le roi en usoit ainsi avec tous les étrangers qui dévoient lui parler, et il le faisoit exprès, afin qu’ils s’accoutumassent à le voir, et qu’en le voyant parler aux uns et aux autres avec familiarité et avec bonté, ils prissent la confiance de lui parler de même, sans se laisser surprendre par l’éclat et la grandeur dont il étoit environné, capable d’ôter la parole à ceux qui n’y auroient pas été accoutumés. Il le pratiquoit même à l’égard des ambassadeurs ; d’abord il mangeoit avec eux, et pendant le repas, il s’informoit de leur santé, de leur voyage et des particularités de leur pays. Cela leur donnoit de l’assurance auprès de sa personne, et ensuite il leur donnoit audience.


Quand l’assemblée fut finie, que tout le monde se fut retiré, et qu’il ne resta plus que le marchand, le marchand se prosterna devant le trône du roi, la face contre terre, et lui souhaita l’accomplissement de tous ses désirs. Dès qu’il se fut relevé, le roi lui demanda s’il étoit vrai qu’il lui eût amené une esclave, comme on le lui avoit dit, et si elle étoit belle ?





« Sire, répondit le marchand, je ne doute pas que votre Majesté n’en ait de très-belles, depuis qu’on lui en cherche dans tous les endroits du monde avec tant de soin ; mais je puis assurer sans craindre de trop priser ma marchandise, qu’elle n’en a pas encore vu une qui puisse entrer en concurrence avec elle, si l’on considère sa beauté, sa belle taille, ses agrémens et toutes les perfections dont elle est partagée. » « Où est-elle, reprit le roi ? Amène-la-moi. » « Sire, repartit le marchand, je l’ai laissée entre les mains d’un officier de vos eunuques ; votre Majesté peut commander qu’on la fasse venir. » [...]

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Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/Histoire_de_Beder


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