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C'éTAIT...

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Musique :

The Russian Repertoire & Encores - Simon Barere - 7. Rameau Godowsky Tambourin https://musopen.org/





Texte ou Biographie de l'auteur

Littérature russe et slave

 

Leonid Andreïev

1871 – 1919

 

C’ÉTAIT...

1901

 

Traduction de Teodor de Wyzewa, (1862-1917) parue dans la Revue bleue, série 4, tome 19, 1903.

 

Le riche marchand Laurent Petrovitch Kochevirov, étant célibataire et n’ayant point de famille, était venu à Moscou pour se soigner d’une maladie ; et comme sa ma-ladie était d’un caractère particulièrement intéressant, les médecins l’avaient admis dans la clinique de l’université. Il avait laissé en bas, chez le portier, sa pe-lisse et la malle qui contenait ses effets ; et, dans la chambre du premier étage où on l’avait ensuite conduit, il avait encore dû se débarrasser de ses vêtements et de son linge, qu’on avait remplacés par une robe de cham-bre grise, et du gros linge où se trouvait marqué, à la pierre infernale : Chambre n° 8. On lui avait donné aussi une paire de pantoufles, en échange de ses bottes. Mais la chemise qu’on lui avait réservée se trouva être trop étroite pour lui, et l’infirmière fut obligée d’aller lui en chercher une autre.

— Dieu ! comme vous êtes grand ! dit-elle en sortant de la salle de bains où avait lieu l’essai des vêtements et du linge.

Laurent Petrovitch, à demi nu, attendit patiemment et humblement le retour de l’infirmière. Baissant son énorme tête chauve, il considérait avec curiosité sa forte poitrine, qui pendait en avant comme celle d’une vieille femme, et son ventre, que la maladie avait ballonné. À Saratov, où il demeurait, Laurent Petrovitch allait au bain tous les samedis, ce qui lui fournissait l’occasion d’examiner son corps ; mais à présent ce corps, tout se-coué de petits frissons de froid, ce corps jaune et bour-souflé lui apparut sous un aspect nouveau, d’autant plus pitoyable qu’il s’accompagnait encore d’une apparence générale de vigueur et de solidité. Au reste, tout en lui avait changé, dès l’instant où on lui avait retiré son vê-tement ordinaire : c’était comme si, dès ce moment, il eût cessé de s’appartenir, prêt à faire tout ce qu’on voudrait bien lui commander….
Source: http://bibliotheque-russe-et-slave.com/index1.html#russe


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