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LE GâTEAU DE NOëL

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Musique : Bethlehem:  Kevin MacLeod (incompetech.com)

Illustration d'après https://pixabay.com/ Georges Morland Domaine public






Texte ou Biographie de l'auteur

Alexandre Deplanck (1817-1864)


Poète. - Membre de la Société impériale des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille


 


Le gâteau de Noël


 


 


Auprès d’un modeste foyer,


Où venait s’engouffrer la bise,


Un soir d’hiver était assise


La famille d’un ouvrier.


Le père, à quarante ans à peine,


Paraissait déjà vieux ; sur ses traits affaissés


Les rides annonçaient la fatigue et la gêne,


Trop communes douleurs des pauvres délaissés.


La mère était l’un de ces anges,


Symboles gracieux d’espérance et de paix,


Que Dieu mit sous le chaume, et sous l’or des palais,


Pour apprendre aux mortels à chanter ses louanges.


Enfin, trois enfants blonds et doux


Opposaient leur visage rose


Au front pâle et morose


Du père, qui berçait l’un d’eux sur ses genoux.


 


 


C’était Noël. – Dans l’air, d’invisibles musiques


Répétaient en écho les célestes cantiques. ,


L’univers saluait le Verbe rédempteur ;


Et la pieuse ménagère,


D’un frais gâteau, béni par les mains du pasteur,


Avait accompagné son frugal ordinaire.


« Allons, à table, enfants ! » dit-elle. – Les marmots,


Affamés et joyeux, s’élancent à ces mots


Vers le festin nocturne.


Seul, le mari restait dans son coin, taciturne.


« À quoi bon, pensait-il, célébrer l’heureux jour


Où l’Homme-Dieu parut pour délivrer le monde ?


Dans le cercle où je vis, je regarde à la ronde,


Je n’y découvre, tour à tour,


Que travail et misère, injustice et bassesse !...


Non, non ! le Christ, pour moi, ne tint pas sa promesse !


Tout à coup, l’ouvrier entendit près de lui


Sa femme qui disait d’un accent de prière :


« Ami, viens avec nous ; nous fêtons aujourd’hui


Celui qui pardonna sur la croix du Calvaire,


Celui qui nous apprit à son dernier moment


Ces mots divins : Amour et dévouement ! »


 


 


Ô merveilleux pouvoir d’une sainte parole !


Le dévouement, l’amour, par eux tout se console !...


Aussi, l’époux, honteux de son doute cruel,


Dans la main de l’épouse alla mettre la sienne...


Et la famille entière à la fête chrétienne


S’unit – en partageant le gâteau de Noël.


Alexandre DEPLANCK,
Petit recueil poétique dédié au jeune âge,1864.

Source: http://www.biblisem.net/narratio/deplgate.htm


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