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JOLI MOIS DE MAI AU JARDIN ENCHANTé

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Joli mois de mai au jardin enchanté

Pour espérer rencontrer fées, lutins, elfes et farfadets inutile de bien loin aller chercher. Nos jardins, même urbains, sont enchantés. Il suffit de savoir regarder et écouter. Mon jardin à l'abandon, laissé sans soin ni attention, ferait le bonheur des écolos et des bobos. Rouge de coquelicots, toutes les herbes, bonnes et mauvaises y poussent, croissent et s'entrecroisent pour le plus grand bonheur des limaces, des insectes volants, bruissants et rampants et de leurs prédateurs, des oiseaux de toutes tailles et couleurs. Sans coupe ni produit phytosanitaire, sans herbicide, insecticide ou pesticide, en ce sanctuaire, la vie grouille de drôles de bouilles… Mon jardin recèle la faune habituelle, pas toujours belle, mais aussi, à vous je l'avoue, de petits êtres fantastiques et féeriques !

Vous connaissez déjà Fée Bleuette qui un jour, avec ses amis la chouette Cacahouète, Doucette la belette et Pirouette le coq sans crête, me consola et fit d'un jour de blues un jour de fête !

La fée Bleuette m'a confié adorer le mois de mai, mois de Marie, mois des fées aussi. La Fée Bleuette par le mois de mai est ravie car du muguet elle est folle des blanches clochettes qu'elle porte parfois en collerette.

Cette petite fée, à moi si mystérieusement révélée, n'est point le solitaire exemplaire des secrets habitants de la Terre. Nos jardins de ces êtres extraordinaires sont les repères cachés et sacrés, visibles et accessibles à tous ceux qui éveillés savent pourtant rêver, à tous ceux qui devenus grands ont gardé leur âme d'enfant.

Je vais vous en présenter quelques uns, dans ce conte qui n'en ait pas vraiment un…

"Brrr ! En mai fait ce qu'il te plaît. Vrai ! Joli mois de mai en effet ! Il est bien frais et humide ce joli mois de mai ! " grommelle la fée Armelle assise sur la margelle de la fontaine enchantée dont elle est la reine gardienne. Une fontaine alimentée par une source souterraine aux vertus souveraines. Cette eau aux effets antalgiques par une formule magique permet de communiquer à volonté avec les aquatiques sirènes, les lointains royaumes elfiques ou féeriques, les êtres angéliques…

"A la claire fontaine, m'en allant promener…" doucement fredonne la fée Charlotte, par ses proches surnommée Cenglote car vous l'aurez deviné, elle n'est pas très rigolote. Pas muette, sa voix est pourtant si fluette qu'à peine, difficilement, elle chuchote. Le chant cependant est sa marotte ! Bien mélancolique en dépit du décor bucolique, elle est sortie à grand peine de sa masure au fond d'une grotte du domaine voisin, Les Pleurotes, où elle cache, comme une indigne tâche, une allergie aux pollens, moisissures et acariens. Toujours la larme à l'oeil, la goutte au nez, le filet de voix enrouée, elle murmure ou susurre "Je vous assure, c'est pas de veine pour une reine, fille ailée de dame Nature… Allergique ! A t-on pareille idée ?" L'eau sacrée des fées, antalgique mais sans effet antihistaminique, n'est pour elle d'aucune utilité ; des allergies elle ne peut faire cesser la calamité.

Malgré ses tourments, affligée, par ses éternuements épuisée, pas d'atermoiements ! Pour rien au monde elle ne souhaite manquer, à la fontaine sacrée, la réunion du comité des fées chargé d'organiser le bal du joli mois de mai.

Lasse de son éternel rhume, à plein poumons l'air embaumé elle hume, des senteurs du printemps son âme elle parfume mais très vite, comme de coutume, les pollens l'enfument et son regard s'embrume. Son moral est lourd comme une enclume mais d'un pas léger de plume, presque un pas de danse, elle avance.

Tête baissée c'est par inadvertance qu'elle heurte fée Bleuette toujours aussi guillerette et pipelette rapportant les derniers potins sans aucune médisance ou malveillance.

La fée Bleuette, en dépit de l'air frais, a décidé de libérer ses belles gambettes de leurs chaudes chaussettes et de revêtir ses courtes jupettes. Marchant le nez au vent, de justesse elle évite d'écraser les oeufs de Linette, Linette la linotte, à l'école de la vie toujours affublée de la plus mauvaise note, qui étourdie, sans soucis, au mépris du danger qu'elle oublie, n'importe où pose son nid, ses petits, même sur le sol. N'est pas un peu fol ?!

Chemin faisant, nos deux fées sont rejointes par Annie, la Pie friande de pommes d'Api, klaus le hérisson albinos et Édouard le loir, des musophobes la bête noire, d'opprobre frappé, toujours fatigué, des combles et greniers le grand habitué, surtout si dans les parages pousse un pommier ou un autre arbre fruitier ; puis par Carambole, le farfadet malais à l'étoile dorée sur le front tatouée, accompagné d'un campagnol, d'un rossignol et de bien d'autres petites bestioles, car tous les animaux des fées sont les amis et nul du bal ne sera banni.

Comment un farfadet malais s'est il retrouvé ici ? Nul ne le sait mais Carambole a été immédiatement adopté malgré d' étranges particularités, étranges même pour le monde des fées. Pas de fariboles, la simple vérité : Il ne marche pas, il saute, virevolte et cabriole… d'aucun affirme que, sans ailes, il vole ! Il ne parle pas, comme les chats il miaule ! Toujours il batifole, sans fruits frais s'étiole, adore la sole aux girolles, faire le mariole ou le guignol mais jamais ne cherche la gloriole.

Tout ce petit monde et bien d'autres fées, lutins, elfes et farfadets, coccinelles, papillons, vers luisants et lucioles, venus de trois lieues à la ronde ; certains de plumes, soie, pétales et perles parés, préparent et organisent avec joie et entrain le grand bal de l'année. Fée Armelle réchauffée d'une douce étole de flanelle, tout supervise et pour finir annonce une belle surprise : la prochaine arrivée d'invités d'honneur, chers à leur cœur, les célèbres cousins transalpins, Arsouille et Ratatouille , les petits lutins des Pouilles.

Pour ce long voyage entrepris sans bagages, ces facétieux lutins aux comportements de gamins, d'âge pourtant déjà…ancien, un peu vieux disons le, n'ont voulu prendre ni l'avion ni le train, préférant par les grands chemins, les airs, les cours d'eau, baguenauder, musarder et flâner, prendre et perdre leur temps sur le dos de divers animaux courants, nageants ou volants, moyen de transport fort peu banal, regrettant seulement l'absence des éléphants de l'illustre Hannibal. Vous l'aurez compris, pour voyager le temps ils ont pris : une année !

Mais, promis juré, pas de carabistouilles, c'est certain dans deux jours Arsouille et Ratatouille seront là ! La fête alors pourra commencer et le bal se donner.

Comme promis, enfin les voici ! Ils ne sont pas seuls ayant entraîné dans leur sillage d'autres habitués des grands voyages, la troupe d'un petit, tout petit cirque, le Cirque non du Soleil mais de la Lune, nom donné par trois de ses éminents membres, les chats savants Conci et Liabule et le tendre Koala Miteux. Ces noms évoquent peut-être à raison des souvenirs à certains d'entre vous… Après un strict inventaire, la réduction drastique des numéros pour le moins lunaires et improbables de leur ancien cirque n'eut pas de résultat salutaire. Rien ne pût empêcher l'inéluctable faillite. Loin de souhaiter prendre la fuite, certains artistes, ceux sus nommés auxquels il nous faut ajouter le cochon Tartampion, Fanchon Dégeu le rat bleu, le chien yogi Contor-Quandor, Dudulle la tarentulle, Falzar Empétar le cafard, Salehazard le lézard et l'âne Nihan Nideux, de leurs arts amoureux, unis dans la peine et les soucis, décidèrent de résister, de lutter contre vents et marées, de tout recommencer cette fois dans le monde des fées, lutins, elfes et farfadets où finalement ils rencontrent un certain succès.

Les nouveaux amis, lutins et circassiens sont dans le jardin enchanté par tous accueillis et fêtés comme il se doit, en somme comme des rois.

21 mai au soir, bal des fées, lutins, elfes et farfadets ; bal du joli mois de mai au jardin enchanté ! Ah ! Un bal de fée ! Magnifique ! Tout ébloui. Tout est fleuri, joli, réussi… Je n'ai pas de plume assez magique pour décrire sa féérie fantastique… La soudaine douceur de l'air de mai de plaisir soulève une clameur, une onde de bonheur irradie tous les cœurs. A la nuit, avec les étoiles et la lune, s'allument les lampions, des lueurs d'or et d'argent dans des sphères de cristal précieux montent vers les cieux . Tout brille et scintille de mille feux. Les lucioles et des girandoles multicolores éclairent les premières farandoles menées par Carambole qui rêve de danser la célèbre et révolutionnaire Carmagnole. Au son des accordéons et bandonéons les joyeux drilles et gais lurons dansent en rond ; Fée Charlotte, la gavotte ; fée Armelle, la tarentelle. Chacun s'élance, danse, rit, de friandises se nourrit, d'amusements s'étourdit.

Puis, à l'aube, aux flonflons succède la ritournelle des grillons … Chacun applaudit, aux uns aux autres dit merci, de bonheur sourit…Puis rentre chez lui.

La fête est finie, reste la féerie, la douce magie des lieux, précieux cadeau de Dieu à qui de l'âme sait ouvrir les yeux.

Le mois de juin bientôt vient, avec lui l'été, ses nouveaux rites et fêtes sacrés…. Les jardins, enchantés, plus que jamais nous feront rêver.



Claryssandre. Le 22 mai 2023










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