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QUATRE JOURS à L'ILE DE SEIN

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Suite à une tempête historique, nous voici à Audierne, le 22 décembre 1896, pour passer ensuite quelques jours à Sein. Le récit très vivant et alerte de Charles Le Goffic est une mine d'informations sur la société, les moeurs, les Légendes aussi de cette région si typique de la Pointe du Raz et de l'île de Sein.

« Marché conclu. Il y a quatre lieues d'Audierne à la pointe du Raz. La route suit la ligne de faîte des collines ; la pluie qui tombe n'a pas abattu le vent ; la mer passe du vert plombé au gris sale. On ne cesse de l'apercevoir sur notre gauche et, par moment, des cassures dans la falaise l'introduise presque sous nos pieds. Mon compagnon de voyage est déjà beaucoup moins affirmatif sur l'issue de notre tentative. La dernière tempête a démoli les petites cales d'abordage qui permettaient d'atterrir aux deux côtés de la pointe : si son gendre a pu prendre la mer, il faudra que nous embarquions à la baie des Trépassés en nous aidant des crampons de fer fixés dans la falaise, qui a soixante mètres de haut en cet endroit et plonge à pic dans la lame. Le vent augmente. Plogoff traversé, nous entrons dans la désolation. Plus rien autour de nous que des pierres et de la tourbe. Notre carriole stoppe devant l'ancien phare qu'on est en train de transformer en sémaphore. Par les temps calmes, de là, on aperçoit Sein. On ne voit rien aujourd'hui : pas une barque n'est sortie de l'île. Nous attendons une heure, deux heures, les pieds dans la boue, fouettés d'une pluie aigre que le vent d'ouest rabat par bouffées. Décidément il faut quitter tout espoir et retourner à Audierne...

Yann Pasq m'explique les choses avec sa sérénité habituelle. C'est un homme de soixante ans, une sorte de grand coq maigre crêté d'argent et haut perché sur pattes, avec une tête énergique, un oeil guetteur, des lèvres rentrées. Il s'exprime lentement, non sans grâce et une façon de poésie languissante qui me toucherait davantage, si on ne me l'avait donné pour le type même de l'Ilien »

Il rencontre la jeune femme et le garçon, modèles du tableau d'Emile Renouf :

« Le tableau de Renouf est au musée de Quimper. Quant au modèle de l'artiste, Anna-Brigitte Thymeur, plus connue céans sous le diminutif de Chitic, c'est une femme de quarante-cinq ans, un peu touchée par l'âge, mais qui a conservé ses beaux yeux noirs, sa grâce sévère et ses lèvres d'ombre. Elle n'est point veuve, comme l'a voulu Renouf ; elle n'a même jamais été mariée, ce qui n'empêche qu'en plus de son surnom familier de Chitic on l'appelle communément, comme dans le tableau, la Veuve de l'île de Sein. »

Émile Renouf — Wikipédia (wikipedia.org)

Information :

"Dix ans plus tard, la tempête du 4 décembre 1896 se trouvait au nord-ouest de la Bretagne où la pression minimale, enregistrée à Brest, a atteint les 953 hPa. Un vent fort s'est levé et des raz-de-marée se sont produits en raison de fort coefficient de marée (entre 91 et 95 du 4 au 6 décembre) sur l'île de Sein, à Penmarc'h et Toulon. Au total, le bilan humain s'élève à 33 victimes." 

De :

Les tempêtes historiques du mois de décembre en France - Actualités La Chaîne Météo (lachainemeteo.com)

 


Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Quatre_jours_%C3%A0_l%E2%80%99%C3%AEle_de_Sein/1896

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