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LES ARENES D'OOBIOCHE (CHAPITRE6-A)

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Adaptation audio d'un roman fanique d'André Borie se déroulant dans l'univers de Perry Rhodan.
Deuxième aventure de Masas PAVEL (vous trouverez la première ici). "Masas PAVEL et ses frères sont chargés par Atlan de voler au secours d'un peuple d'ursidés. C'est plus tard que les choses virent vraiment mal!"
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Musiques de Christian Martin / NewPort Orchestra




Texte ou Biographie de l'auteur

LES ARÈNES D'OOBIOCHE
Un Fan-Roman de l'Univers de Perry Rhodan
André BORIE (08/2002)



CHAPITRE VI
Section A

Masas vit les deux chasseurs atteindre le rivage, et s'arrêter perplexes. Visiblement, ils se méfiaient et se demandaient quel tour leur avait encore préparé leur gibier récalcitrant.
– Tant mieux, plus ils surveilleront devant eux et moins ils se soucieront de ce qui se passe dans leur dos !
Mais soudain, elle entendit un cri derrière elle :
– Yohop ! Yohop !
Se détournant brusquement, elle aperçut brièvement une petite créature qui agitait les bras. Un coup d'œil en direction de l'endroit désigné lui fit découvrir Ronald qui, arc-bouté contre le tronc d'arbre qui lui servait de dossier, braquait son fusil sur elle. Elle bondit en retrait et se laissa couler au moment où il appuya sur la détente. La balle lui frôla l'épaule, lui causant une brûlure cuisante.
Elle n'eut guère le temps de se maudire pour s'être fait surprendre par un adversaire qu'elle avait imprudemment estimé hors de combat, et qu'elle avait coupablement négligé d'éliminer totalement alors qu'elle en avait la possibilité. À présent, les données étaient complètement changées, et il allait lui falloir lutter sérieusement pour sa vie contre des adversaires qui la menaçaient de deux côtés à la fois.
En un éclair, elle décida de sa stratégie : pour avoir une chance minime de s'en sortir, il lui fallait une arme à feu. La sienne étant inopérante, il ne lui restait plus qu'une solution, à savoir s'emparer de celle du blessé
Elle abandonna sa pétoire inutile et, en brasses énergiques, toujours sous l'eau, elle se dirigea vers le petit îlot où l'attendait un ennemi, certes diminué, mais brûlant de haine.
Le chasseur, le visage tordu par la douleur de sa cuisse transpercée, guettait sa proie dont il voyait le sillage dans l'eau peu profonde. Il appuya son épaule contre le palétuvier pour assurer son assise. Un sourire mauvais lui étira le visage quand il perçut un remous violent à une dizaine de mètres de lui. Il tira aussitôt.
Cependant, son cri de victoire s'éteignit lorsque Masas jaillit de l'onde à deux mètres de l'endroit qu'il venait de viser. Le bras de la jeune femme décrivit une courbe et le sabre d'abattis fendit les airs avant de se ficher en pleine poitrine. Ronald émit un gargouillement, lâcha son fusil et glissa à terre.
Des imprécations s'élevèrent dans le dos de la Carsacienne, deux détonations retentirent, mais elle poursuivit sa course, mi-nageant, mi-marchant, avec une seule idée en tête : s'emparer de l'arme du défunt et s'en servir contre les deux survivants.
Dans son dos, les cris continuaient, ponctués de coups de feu. Comme elle atteignait l'îlot, elle ressentit un choc au côté droit et fut projetée au sol, tandis qu'une douleur intense lui apprenait qu'elle était touchée.
Elle tendit désespérément la main en avant et eut la joie de la poser sur le canon encore chaud. Dans un dernier effort, étouffant le gémissement qui montait à ses lèvres comme elle se laissait rouler sur le côté, elle braqua le fusil en direction de ses poursuivants, notant au passage qu'ils étaient encore à une bonne centaine de mètres d'elle, et tira par deux fois, au jugé.
Son tir fut imprécis, mais les obligea cependant à se mettre à couvert avec leurs chiens, ainsi qu'à interrompre momentanément leur poursuite.
Masas s'aplatit derrière le corps sans vie de sa victime et tenta de les repérer. Tâche rendue plus facile par les aboiements qui signalaient les emplacements où ils s'étaient mis à l'abri. Mais suite à un ordre brutal, les molosses se turent, et l'avantage de la jeune femme fut annulé.
Profitant de la courte accalmie, elle jeta un bref regard à sa blessure et grimaça en voyant son fluide vital qui s'écoulait et commençait à tacher le sol sous elle. Elle défit la chemise et la ceinture du cadavre, forma une boule avec le tissu, l'appliqua sur la plaie et maintint son sommaire pansement compressif en ceignant la sangle de cuir autour de son torse.
Ces premiers soins effectués, elle s'efforça d'apercevoir ses ennemis, mais ceux-ci n'étaient plus visibles. Nul doute cependant qu'ils se rapprochaient d'elle.
À présent que l'issue du combat était proche, la guerrière ressentait une sorte de sérénité. L'entraînement qu'elle avait subi depuis sa prime enfance l'avait habituée à l'idée de sa propre mort, et au lieu de paniquer comme l'aurait fait la plupart des gens, elle considérait cette échéance avec sang-froid, tout en étant bien décidée à faire une fois de plus la nique à la Camarde.
Plongeant la main dans les poches du mort, elle en extirpa une poignée de cartouches qu'elle glissa dans le magasin de son arme. Puis, tous les sens en éveil, essayant de faire abstraction de la douleur lancinante qui irradiait jusque dans son dos, elle guetta ses poursuivants, tout en reconnaissant qu'ils étaient de redoutables adversaires car elle ne parvenait toujours pas à savoir où ils pouvaient se trouver.
À soixante-dix mètres sur sa gauche, un jappement et un remous derrière un tronc immergé attirèrent son attention. Calmement, elle pointa son fusil et se prépara à faire feu dès qu'elle apercevrait quelque chose, homme ou bête.
Cela faillit causer sa perte.
Un sixième sens, développé au cours de sa vie aventureuse, lui fit tourner la tête. Elle eut juste le temps de se laisser rouler au sol, tandis que Christianou, jaillissant de l'eau derrière elle, lui portait un coup de sabre.
Emporté par son élan, le chasseur trébucha sur Masas en lâchant son arme. L'instant d'après, ils s'étaient tous deux empoignés, frappant, mordant, griffant en un tourbillon démentiel. L'homme rendait bien vingt kilos à la jeune femme, mais celle-ci était une adepte du combat rapproché, et sans le handicap dû à sa blessure, elle n'aurait guère eu de mal à venir à bout de son adversaire.
Celui-ci, dès qu'il en avait la possibilité, portait des coups violents sur le flanc meurtri de la Carsacienne, lui causant des douleurs qui lui provoquaient des nausées et lui faisaient passer des voiles sanglants devant les yeux. Une manchette sur le nez lui fit voir trente-six chandelles, et aussitôt, son cou fut pris au milieu de deux énormes battoirs qui entreprirent de serrer. Suffocant, les yeux noyés de larmes, elle parvint à atteindre les auriculaires de Christianou qu'elle brisa en les retournant brutalement.
Un hurlement de douleur, et l'étranglement cessa. En l'espace d'un instant, la victoire venait de changer de camp. Masas poursuivit son avantage, se débarrassant de son adversaire d'un coup de genou au bas-ventre. Faisant appel à ses dernières forces, elle pivota sur elle-même, arracha l'arme qui était toujours plantée dans la poitrine du chasseur mort, et l'abattit en travers du visage de Christianou. Celui-ci, foudroyé par le coup, partit en arrière, leva les bras vers le ciel et s'effondra dans l'eau.
L'agent de l'O.M.U. n'eut guère le temps de savourer sa victoire, car le second chasseur était arrivé à proximité, bien décidé à venger ses compagnons. Heureusement, sa rage était telle qu'il manqua sa cible et permit ainsi à Masas de plonger vers son arme, de s'en saisir et, toujours à terre, de faire feu à son tour. Frappé en plein front, l'homme fut rejeté en arrière et son corps s'affaissa lentement dans l'onde.
Quand les deux chiens se jetèrent sur la jeune femme, celle-ci était toujours à terre. Elle redressa le canon du fusil, mais celui-ci lui fut arraché des mains par le contact violent d'une masse compacte de muscles, bavante et hurlante. Épuisée par les efforts intenses consentis précédemment, elle eut le temps de penser : Cette fois, c'est la fin ! Puis elle se roula en boule pour offrir le moins de prises possibles aux molosses.
Elle attendit le choc, qui ne vint pas, tandis que les aboiements furieux s'éloignaient.
– Et bien ma belle, il me semble que je suis arrivé à temps !
Ahurie, elle redressa la tête et un soupir de profond soulagement lui échappa à la vue du petit être velu engoncé dans un spatiandre à ses mesures.
– L'Émir ! Par quel miracle es-tu arrivé ici au bon moment ?
Le mulot-castor, car il s'agissait bien du “ Sauveur de l'Univers ”, montra son unique incisive en zézayant :
– Tu devrais savoir qu'à L'Émir, rien d'impossible !
Un rire joyeux sortit des lèvres de Masas, vite réprimé par la douleur qui se rappelait à elle, à présent que le danger s'était éloigné.
– Qu'as-tu fait des chiens ?
– Je les ai renvoyés dans leur niche !
– Sais-tu ce que sont devenus les trois hommes qui servaient de gibier avec moi ?
– Le colonel Ternet et le sergent Lamarre sont blessés mais sauvés, de justesse. Malheureusement, pour le lieutenant Hoffmann, je suis arrivé trop tard.
Et voyant que son interlocutrice titubait, il ajouta en la saisissant par la main :
– Je t'emmène rendre visite au robot-médic du Thora II !
Elle perdit connaissance au moment où ils se téléportèrent.


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