Retour au menu
Retour à la rubrique feuilletons

L'INGéNIEUX HIDALGO DON QUICHOTTE DE LA MANCHE-TOME1-LIVRE2-CHAPITRE14

Écoute ou téléchargement Commentaires

Biographie ou informations

Photo: Christophe
Musique: Ritual Fire Dance

+++ Chapitre Suivant
+++ Chapitre Précédent




Texte ou Biographie de l'auteur

L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche

TOME 1


LIVRE DEUXIÈME - Chapitre XIV - Où sont rapportés les vers désespérés du berger défunt, avec

d'autres événements inespérés
.


Chant de Chrysostome
«Puisque tu veux, cruelle, que l’on publie de bouche en bouche et de pays en pays l’âpre violence de ta rigueur, je ferai en sorte que l’enfer lui-même communique à ma triste poitrine un accent lamentable qui change l’ordinaire accent de ma voix. Et, au gré de mon désir, qui s’efforce de raconter ma douleur et tes prouesses, il en sortira un effroyable cri, auquel seront mêlés, pour plus de tourment, des morceaux de mes misérables entrailles. Écoute donc, et prête une oreille attentive, non pas au son harmonieux, mais au bruit confus qui, pour ma satisfaction et pour ton dépit, s’exhale du fond de ma poitrine amère :
«Que le rugissement du lion, le féroce hurlement du loup, le sifflement horrible du serpent écailleux, l’effroyable cri de quelque monstre, le croassement augural de la corneille, le vacarme du vent qui agite la mer, l’implacable mugissement du taureau vaincu, le plaintif roucoulement de la tourterelle veuve, le chant sinistre du hibou, et les gémissements de toute la noire troupe de l’enfer accompagnent la plainte de mon âme, et se mêlent en un son qui trouble tous les sens ; car la peine qui me déchire a besoin, pour être contée, de moyens nouveaux.
«Ce ne sont point les sables dorés du Tage, ni les oliviers du fameux Bétis, qui entendront les échos de cette étrange confusion : c’est sur le sommet des rochers et dans la profondeur des abîmes que, d’une langue morte, mais de paroles toujours vivantes, se répandront mes déchirantes peines ; ou dans d’obscurs vallons, ou sur des plages arides, ou dans des lieux que le soleil n’éclaira jamais de sa lumière, ou parmi la multitude de bêtes venimeuses que nourrit le limon du Nil.
Et, tandis que, dans les déserts sauvages, les échos sourds et incertains résonneront de mon mal et de ta rigueur sans pareille, par privilège de mon misérable destin, ils seront portés dans l’immensité du monde.
«Un dédain donne la mort ; un soupçon faux ou vrai met à bout la patience ; la jalousie tue d’une pointe cruelle ; une longue absence trouble la vie, et à la crainte de l’oubli ne résiste nulle espérance d’un sort heureux ; en tout se montre la mort inévitable. Mais moi, prodige inouï ! je vis jaloux, absent, dédaigné, et certain des soupçons qui me tuent. Dans l’oubli où mon feu s’avive, et parmi tant de tourments, ma vue ne peut atteindre l’ombre de l’espérance, et, dans mon désespoir, je ne la désire pas ; au contraire, pour me plonger et m’opiniâtrer dans ma plainte, je jure de la fuir éternellement.
«Peut-on, par hasard, dans le même instant, espérer et craindre ? ou est-ce bien de le faire, quand les raisons de craindre sont les plus certaines ? Dois-je, si la cruelle jalousie se présente à moi, dois-je fermer les yeux, quand je ne peux manquer de la voir à travers les mille blessures dont mon âme est percée ? Qui n’ouvrirait toutes grandes les portes à la méfiance et à la crainte, quand il voit l’indifférence à découvert, ses soupçons devenus, par une amère conviction, des vérités palpables, et la vérité nue déguisée en mensonge ? Ô jalousie, tyran du royaume d’Amour, mets-moi des fers à ces deux mains ! Donne-moi, Dédain, la corde du supplice ! Mais, hélas ! par une cruelle victoire, la Souffrance étouffe votre souvenir  !
«Je meurs enfin, et pour n’espérer jamais aucun bon succès, ni dans la vie, ni dans la mort, je m’obstinerai et resterai ferme en ma pensée ; je dirai qu’on a toujours raison de bien aimer, et que l’âme la plus libre est celle qui est le plus esclave de la tyrannie de l’amour ; je dirai que celle qui fut toujours mon ennemie a l’âme aussi belle que le corps, que son indifférence naît de ma faute, et que c’est par les maux qu’il nous fait qu’Amour maintient en paix son empire.
Cette opinion et un lacet misérable, accélérant le terme fatal où m’ont conduit tes dédains, j’offrirai aux vents le corps et l’âme sans laurier, sans palme de gloire à venir.
«Toi qui fais voir, par tant de traitements cruels, la raison qui m’oblige à traiter de même la vie qui me lasse et que j’abhorre ; puisque cette profonde blessure de mon cœur te donne d’éclatantes preuves de la joie qu’il sent à s’offrir aux coups de ta rigueur, si, par bonheur, tu me reconnais digne que le pur ciel de tes beaux yeux soit troublé par la mort, n’en fais rien : je ne veux pas que tu me donnes un regret en échange des dépouilles de mon âme. Au contraire, que ton rire, dans le moment funeste, prouve que ma fin est une fête pour toi. Mais c’est une grande simplicité de te donner cet avis, sachant que tu mets ta gloire à ce que ma vie arrive si promptement à son terme.
«Viennent donc, puisque l’heure a sonné, viennent du profond de l’abîme, Tantale avec sa soif, Sisyphe avec le poids de son rocher ; que Prométhée amène son vautour, qu’Ixion n’arrête point sa roue, ni les cinquante Sœurs leur interminable travail ; que tous ensemble transportent dans mon cœur leur mortel supplice, et qu’à voix basse (si l’on en doit à celui qui meurt de sa main) ils chantent de tristes obsèques à ce corps auquel on refusera un saint linceul ; que le portier de l’enfer, aux trois têtes, que mille autres chimères et mille autres monstres fassent à ce concert un douloureux contre-point : il me semble que nulle autre pompe ne peut mieux convenir aux funérailles d’un homme mort d’amour.
«Chant de désespoir, n’éclate pas en plaintes quand tu abandonneras ma triste compagnie ; au contraire, puisque la cause qui t’a fait naître augmente de mon malheur son bonheur, garde-toi, même en la sépulture, de montrer ta tristesse.»
Bons furent trouvés les vers de Chrysostome par ceux qui en avaient entendu la lecture. Toutefois Vivaldo fit remarquer qu’ils ne paraissaient pas d’accord avec ce qu’on lui avait raconté de la modestie et de la vertu de Marcelle ; Chrysostome, en effet, s’y plaignait de jalousie, de soupçons, d’absences, toutes choses fort au détriment de la bonne et pure renommée de son amante. Mais Ambroise, comme un homme qui avait su les plus secrètes pensées de son ami, répondit aussitôt :
«Il faut que vous sachiez, seigneur, pour éclaircir votre doute, qu’au moment où cet infortuné écrivit les vers que vous venez de lire, il était loin de Marcelle, qu’il avait volontairement quittée pour essayer si l’absence userait avec lui de son ordinaire pouvoir, et comme, pour l’amant absent, il n’est soupçon qui ne le poursuive ni crainte qui ne l’assiége, de même Chrysostome souffrait les tourments trop réels d’une jalousie imaginaire. Ainsi demeure hors de toute atteinte la vérité que publie la renommée sur la vertu de Marcelle, à laquelle, au défaut près d’être cruelle, un peu arrogante et très-dédaigneuse, l’envie même ne pourrait reprocher ni découvrir la moindre tache.»
Vivaldo lui répondit qu’il avait raison ; et, comme il voulait lire un autre papier de ceux qu’il avait sauvés du feu, il en fut empêché par une merveilleuse vision (tel en paraissait du moins l’objet) qui tout à coup s’offrit à leurs yeux. Sur la roche au pied de laquelle se creusait la sépulture apparut la bergère Marcelle, si belle, que sa beauté passait sa renommée. Ceux qui ne l’avaient point encore vue la regardaient dans le silence de l’admiration, et ceux qui avaient l’habitude de la voir ne restèrent pas moins étonnés que les autres.
Mais dès qu’Ambroise l’eut aperçue, il s’écria avec l’accent d’une âme indignée :
«Viens-tu par hasard, sauvage basilic de ces montagnes, dont le seul regard empoisonne, viens-tu voir si ta présence fera couler le sang des blessures de ce malheureux que ta cruauté a privé de la vie ? Viens-tu t’applaudir et te glorifier des cruelles prouesses de ta bizarre humeur ? ou bien voir, du haut de cette colline, comme un autre impitoyable Néron, l’incendie de sa Rome en flammes, ou fouler aux pieds ce misérable cadavre, comme la fille dénaturée de Tarquin foula celui de son père ? Dis-nous vite ce qui t’amène, et ce que tu souhaites de nous ; car, sachant que jamais la volonté de Chrysostome ne cessa de t’obéir durant sa vie, je ferai en sorte, après sa mort, que tu sois également obéie par les volontés de tous ceux qui s’appelèrent ses amis.
- Je ne viens, ô Ambroise, répondit Marcelle, pour aucune des choses que tu as dites ; je viens prendre moi-même ma défense, et prouver combien ont tort ceux qui m’accusent de leurs peines et de la mort de Chrysostome. Je vous prie donc, vous tous qui êtes ici présents, de m’écouter avec attention ; il ne faut dépenser ni beaucoup de temps ni beaucoup de paroles pour démontrer une vérité aux esprits intelligents.
«Le ciel, à ce que vous dites, m’a faite belle, de telle sorte que, sans pouvoir vous en défendre, ma beauté vous force de m’aimer ; et, en retour de l’amour que vous avez pour moi, vous dites et vous prétendez que je suis tenue de vous aimer. Je reconnais bien, par l’intelligence naturelle que Dieu m’a donnée, que tout ce qui est beau est aimable ; mais je ne puis comprendre que, par la raison qu’il est aimable, ce qui est aimé comme beau soit tenu d’aimer ce qui l’aime, d’autant mieux qu’il pourrait arriver que ce qui aime le beau fût laid : or le laid étant digne de haine, il vient mal à propos de dire : Je t’aime parce que tu es belle ; tu dois m’aimer quoique je sois laid.
 Mais supposons que les beautés soient égales : ce n’est pas une raison pour que les désirs soient égaux, car de toutes les beautés ne naît pas l’amour : il y en a qui réjouissent la vue sans soumettre la volonté. Si toutes les beautés touchaient et forçaient les cœurs, le monde serait une confusion où les volontés se croiseraient et s’entrechoqueraient sans savoir où se prendre et se fixer ; car, rencontrant des beautés en nombre infini, les désirs seraient également infinis ; et l’amour véritable, à ce que j’ai ouï dire, ne se divise point : il doit être volontaire et non forcé. S’il en est ainsi, comme je le crois, pourquoi voulez-vous que mon cœur cède à la contrainte, et seulement parce que vous dites que vous m’aimez bien ? Mais, dites-moi, si le ciel, au lieu de me faire belle, m’eût faite laide, serait-il juste que je me plaignisse de vous parce que vous ne m’aimeriez pas ? D’ailleurs, vous devez considérer que la beauté que j’ai, je ne l’ai pas choisie ; telle qu’elle est, le ciel me l’a donnée par pure grâce, sans prière, sans choix de ma part ; et, de même que la vipère ne mérite pas d’être accusée du venin qu’elle porte dans sa bouche, bien que ce venin cause la mort, parce que la nature le lui a donné, de même je ne mérite pas de reproches pour être née belle. La beauté, dans la femme honnête, est comme le feu éloigné, comme l’épée immobile ; ni l’un ne brûle, ni l’autre ne blesse ceux qui ne s’en approchent point. L’honneur et la vertu sont des ornements de l’âme, sans lesquels le corps peut, mais ne doit point paraître beau. Eh bien, si l’honnêteté est un des mérites qui ornent et embellissent le plus le corps et l’âme, pourquoi la femme qu’on aime pour ses charmes devrait-elle la perdre, afin de correspondre aux désirs de l’homme qui, pour son plaisir seul, essaye, par tous les moyens, de la lui enlever ? Libre je suis née, et, pour pouvoir mener une vie libre, j’ai choisi la solitude des champs.
Les arbres de ces montagnes sont ma compagnie, les eaux claires de ces ruisseaux, mes miroirs ; c’est aux arbres et aux ruisseaux que je communique mes pensées et mes charmes. Je suis un feu éloigné, une épée mise hors de tout contact. Ceux que j’ai rendus amoureux par ma vue, je les ai détrompés par mes paroles ; et si les désirs ne s’alimentent que d’espérance, n’en ayant jamais donné la moindre ni à Chrysostome ni à nul autre, on peut dire que c’est plutôt son obstination que ma cruauté qui lui a donné la mort. Si l’on m’objecte que ses désirs étaient honnêtes, et que, pour cela, j’étais obligée de m’y rendre, je répondrai que quand, dans ce même endroit où l’on creuse à présent sa fosse, il me découvrit l’honnêteté de son intention, je lui dis que la mienne était de vivre en perpétuelle solitude, et que la terre seule possédât les dépouilles intactes de ma beauté ; que si, malgré cet avis qui devait lui dessiller les yeux, il voulut s’obstiner contre l’espérance et naviguer contre le vent, est-il étonnant qu’il ait fait naufrage au milieu du golfe de son imprudence ? Si je l’avais abusé, j’aurais été fausse ; si je l’avais satisfait, j’aurais manqué à ma sainte résolution. Il s’opiniâtra, quoique détrompé ; il se désespéra, sans être haï. Voyez maintenant s’il est juste qu’on m’accuse de ses tourments. Ai-je trompé quelqu’un, qu’il se plaigne ; ai-je manqué à mes promesses, qu’il se désespère ; l’ai-je appelé, qu’il prenne confiance ; l’ai-je admis à mes faveurs, qu’il se glorifie. Mais doit-il me nommer cruelle et homicide, celui que je n’ai point trompé, point appelé, point choisi ? Le ciel, jusqu’à présent, n’a pas voulu que j’aimasse par fatalité ; croire que j’aimerai par choix, c’est une erreur. Que cet avertissement général serve à tous ceux qui me sollicitent pour leur goût particulier, et que l’on sache dorénavant que, si quelqu’un meurt pour moi, ce ne sera ni de jalousie ni de dédain ; car celle qui n’aime personne ne peut donner de jalousie à personne, et détromper les gens n’est pas les dédaigner.
Celui qui m’appelle basilic et bête féroce, qu’il me fuie comme une chose haïssable et dangereuse ; celui qui m’appelle ingrate, qu’il ne me serve pas ; étrange et impénétrable, qu’il ne cherche point à me connaître ; cruelle, qu’il cesse de me poursuivre. Cette bête, ce basilic, cette ingrate, cette cruelle, cette impénétrable, ne veut les chercher, les suivre, les servir et les connaître en aucune façon. Si ses impatiences et ses ardents désirs ont fait périr Chrysostome, la faute en est-elle à ma conduite honnête et à ma circonspection ? Si je conserve ma vertu parmi les arbres de ces solitudes, pourquoi veut-il me la faire perdre, celui qui veut que je la garde parmi les hommes ? J’ai, comme vous le savez, des biens à moi ; je ne convoite pas ceux des autres ; ma situation me rend libre, et il ne me plaît pas de me faire esclave. Je n’aime ni ne hais personne. On ne peut dire que je trompe celui-ci, que je flatte celui-là, que je me raille de l’un et m’adoucis avec l’autre. L’honnête compagnie des bergères de ces villages et le soin de mes chèvres suffisent à mes plaisirs. Ces montagnes forment tout le domaine de mes désirs, et si parfois ils en franchissent les limites, c’est pour contempler la beauté du ciel, où l’âme doit diriger ses pas, comme à son premier et dernier séjour.»
En achevant ces mots, et sans attendre aucune réponse, la bergère se retourna, et disparut dans le plus épais d’un bois qui couvrait la montagne, laissant dans l’admiration, aussi bien de son esprit que de sa beauté, tous ceux qui l’avaient entendue. Quelques-uns de ceux qu’avait blessés la puissante flèche des rayons de ses beaux yeux firent mine de vouloir la suivre, sans mettre à profit l’avertissement qu’elle venait de leur donner.
Mais aussitôt que don Quichotte s’aperçut de leur intention, il lui sembla que l’occasion était belle d’exercer sa chevalerie, en portant secours aux demoiselles qui en avaient besoin. Mettant la main à la garde de son épée, d’une voix haute et intelligible, il s’écria :
«Que personne, de quelque état et condition que ce soit, ne s’avise de suivre la belle Marcelle, sous peine d’éveiller mon indignation et d’encourir ma colère. Elle a prouvé, par d’éclatantes raisons, qu’elle est à peu près, ou plutôt tout à fait innocente de la mort de Chrysostome ; elle a prouvé combien elle est éloignée de condescendre aux vœux d’aucun de ses amants. Au lieu donc d’être suivie et poursuivie, il est juste qu’elle soit estimée et honorée de toutes les âmes honnêtes qui peuplent le monde ; car elle y est sans doute la seule femme qui passe sa vie en de si pures intentions.»
Soit que les menaces de don Quichotte leur imposassent, soit qu’Ambroise les priât de remplir jusqu’au bout leur devoir envers son ami, aucun des bergers ne fit un pas pour s’éloigner jusqu’à ce que, la fosse creusée, et les papiers de Chrysostome brûlés, ils eussent déposé son corps dans la tombe : ce qui ne s’acheva point sans arracher des larmes à tous les assistants. On couvrit la fosse d’un large éclat de rocher, en attendant qu’on eût achevé une pierre tumulaire sur laquelle, à ce que dit Ambroise, il pensait faire graver ces vers pour épitaphe :
«Ci-gît le corps glacé d’un amant malheureux, qui fut un berger de troupeaux, et que perdit un refus d’amour.
«Il mourut sous les coups de la rigueur d’une ingrate beauté par qui l’Amour étend la tyrannie de son empire.»
On répandit ensuite sur la sépulture une infinité de fleurs et de branchages, et tous les bergers, ayant témoigné à leur ami Ambroise la part qu’ils prenaient à sa douleur, lui dirent successivement adieu. Vivaldo et son compagnon en firent autant, et, de son côté, don Quichotte prit congé de ses hôtes et des voyageurs, lesquels le conviaient à les accompagner à Séville, lieu si fécond en aventures, lui disaient-ils, qu’on en trouve plus au coin de chaque rue qu’en nulle autre ville du monde. Don Quichotte les remercia de leur conseil et de la bonne grâce qu’ils montraient à lui rendre service ; mais il ajouta qu’il ne voulait ni ne devait aller à Séville avant qu’il eût purgé toutes ces montagnes des bandits dont elles passaient pour être infestées.
Les voyageurs, le voyant en cette bonne résolution, ne voulurent pas l’importuner davantage. Au contraire, après lui avoir dit une autre fois adieu, ils poursuivirent leur chemin, pendant lequel les sujets d’entretien ne leur manquèrent pas, ayant à converser sur l’histoire de Marcelle et de Chrysostome, et sur les folies de don Quichotte. Celui-ci résolut d’aller à la recherche de la bergère Marcelle, et de s’offrir à son service. Mais les choses n’arrivèrent point comme il l’imaginait, ainsi qu’on le verra dans la suite de cette véridique histoire, dont la seconde partie se termine en cet endroit.


 Source: Inlibroveritas



Retour à la rubrique feuilletons
Retour au menu