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L'éPOQUE DES ENFANTS

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Biographie ou informations

Musique : Souvenir d'un lieu cher, Op.42 - 3. Mélodie Tchaïkovsky https://musopen.org/

Illustration d'après https://pixabay.com/ Domaine public





Texte ou Biographie de l'auteur

Louis Dupire est né en Bretagne en 1887 et est mort à Montréal en 1942. Journaliste, il a collaboré à différents journaux, souvent sous le couvert d'un pseudonyme. Il entre au Devoir en 1912, et y reste jusqu'à sa mort, signant des billets, des nouvelles, des éditoriaux, différents articles. Il a été aussi correspondant parlementaire à Québec, puis à Ottawa. En 1919, il publie Le Petit Monde : recueil de billets du soir.


 


L'époque des enfants


 


Les enfants, c'est tout ce qu'il y a de bon dans la vie. Et parce que les fêtes ce sont spécialement les jours des enfants, ce temps est tout ce qu'il y a de meilleur dans l'année. Leur candeur et leur naïveté sont la vraie Fontaine de Jouvence ; à leur contact on retrouve sa jeunesse. Pendant un mois de l'année, l'imagination adulte n'est hantée que de pensers simples et gais. Elle s'applique à chercher ce qui fera le bonheur des enfants, à deviner ce qui pourra allumer dans leurs yeux l'étincelle de la surprise, quand, pieds nus dans leurs mules, se tenant par la main, cherchant dans la solidarité plus de courage pour affronter la grande joie qui fait peur presque autant que la grande peine, ils s'avanceront vers le sapin magique, dont les fruits sont jouets et sucreries. L'arbre de Noël, pour une petite tête de trois ou quatre ans, c'est, en effet, l'arbre phénoménal, l'arbre qui pousse des jouets. Quel crayon humoriste saisira les répétitions des grands jours où la barbe des papas se penche sur les locomotives minuscules, où leur mé- 5 Le petit monde Chapitre II moire rappelle violemment à elle les vagues notions de mécanique et de physique apprises au collège ; où l'on délibère gravement sur les causes d'un accident de chemin de fer long comme la main, sur l'endroit où doit être déposée la goutte d'huile salutaire ; sur l'inclinaison qu'il convient de donner aux rails pour faire échec à la force centrifuge. Pendant que les hommes font ainsi étalage de leur science tâtonnante, les femmes, en cercle, admirent, approuvent ou critiquent suivant que le convoi lilliputien obéit à la direction ou fuit sa voie de fer blanc. Oh ! les efforts maladroits des pères qui éprouvent le mécanisme d'une toupie savante, qui se font la main afin de ne pas « manquer leur coup » quand l'enfant dira, impératif : « Fais-la marcher ! » Oh ! quelle scène affolée quand le commutateur ayant été tourné on s'aperçoit soudain que la guirlande de mignonnes ampoules électriques ne s'allume pas ; la course chez l'électricien ; le vissage et le dévissage des globes jusqu'à ce que jaillisse la lueur multicolore. L'enfant rajeunit la famille, comme le printemps rajeunit la terre. Avec lui, l'époque des fêtes est gaie ; mais sans lui, quelle tristesse ! Les fêtes, ce n'est plus alors qu'une année qui finit, qu'un millésime qui s'ajoute à trente ou quarante autres, qu'une étape franchie dans la marche vers l'abîme qui, dirait-on, exerce déjà son attirance fatale. Ceux qui détournent les yeux de la route poudreuse conduisant à la mort et regardent vers la juvénile caravane qui s'avance pleine de joie et d'espoir, peuvent seuls goûter l'époque de Noël et du nouvel an. Émotions pures et naïves, il faut pour vous ressentir, retrouver son coeur d'enfant au contact des tout petits !  
Source: http://www.bibebook.com/auteur/dupire-louis

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