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LA VALISE

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Musique : There is romance; sapphire isle:http://incompetech.com/music/royalty-free/
Illustration Sabine Huchon






Texte ou Biographie de l'auteur

Le mot de l'auteur:


Mon nom de plume est Lily Rose, j'ai 20 ans. J'écris depuis toute petite mais j'ai vraiment découvert cette passion il y a 5 ans, quand j'ai commencé à écrire mon roman, puis quand j'ai eu la chance de voir une de mes nouvelles publiée en 2013. Depuis, je ne m'arrête plus d'inventer des histoires tout en continuant mes études.


Le mot de la lectrice


Je tenais vivement à vous faire découvrir cette toute jeune auteure dont j'ai lu plusieurs de ses « histoires », comme elle les nomme... « La valise » avait fait partie d'un concours où Lily Rose avait fait unanimité du jury sans discussion. Son histoire est restée gravée dans ma mémoire pour longtemps...


Découvrez et suivez Lily Rose sur ces sites:


http://un-ete-42.skyrock.com


 


https://www.facebook.com/LilyRoseAJE/


La valise


 


C’était la cohue. Un essaim affolé d’hommes, de femmes et d’enfants bourdonnait dans un tramway bondé. Emportée par la foule, une jeune femme en larmes serrait contre elle sa valise, jetant des regards effarouchés à qui osait frôler ce qui lui semblait être un inestimable trésor. Chacun de ses pas était une danse calculée, une chorégraphie souple luttant contre les secousses et les bousculades. Son ballet la mena sans heurts dans la rue, où l’essaim se sépara en deux. Elle marqua une pause, se penchant irrésistiblement vers le bon côté, mais on la projeta vers la gauche ; par réflexe, elle serra plus fort son trésor, gratifiant d’un regard venimeux le jeune policier qui l’avait empoignée, et qui la poussa dans un fourgon.


 


Elle batailla longuement pour se hisser dans le véhicule sans abîmer son précieux bagage, refusant l’aide de l’agent qui ferma sans pitié la toile sur ses occupants. La pénombre les encercla sournoisement, et la jeune femme ramena sa mystérieuse valise contre sa poitrine. Elle sursauta de douleur : l’épingle l’avait piquée, lui rappelant son existence. Amère, elle passa une main sur son thorax. Elle la sentait. L’étoile jaune. L’étoile de la honte, l’étoile de la haine ; l’étoile de l’injustice, l’étoile de la terreur. Le fourgon démarra.


 


Chaque nid de poule était un supplice précipitant le débit de ses prières murmurées et renforçant son étreinte sur le grand bagage brun. Le ronronnement du moteur résonnait comme un roulement de tambour macabre à ses oreilles. La peur se dressait en elle, se déroulant de toute sa hauteur, escaladant ses entrailles et affolant son cœur. La fatalité pesait sur ses épaules, et la douleur d’une vie perdue éclatait dans tout son être et l’étouffait. Elle n’était plus que cette malle de cuir renfermant tout ce qu’il lui restait au monde, que cette mort prochaine, que ces souffrances à venir. Le fourgon stoppa.


 


La toile s’ouvrit sur la promesse d’un enfer. Ils descendirent avec résignation. Tremblante, la respiration saccadée, elle effectua un effort surhumain pour les suivre, accrochée à son seul espoir. Blafarde, elle marcha lentement et douloureusement vers le quai, où régnait une cohue indescriptible, dont elle profita pour s’éloigner discrètement du groupe. Quelques mètres plus loin, elle s’arrêta et jeta un regard circulaire, s’assurant que personne ne faisait attention à ses actes. Les yeux fermés, elle déposa sa valise, puis commença à s’éloigner, plaquant ses mains sur sa bouche, faisant volte-face en écarquillant les yeux, se reprenant et continuant en sanglotant la marche vers sa fin certaine. Excédé par son manège, un soldat la jeta dans un wagon. Elle se retourna, le temps d’un dernier regard, puis la pénombre s’abattit sur elle. Le train s’ébranla, laissant derrière lui la valise abandonnée.


 


*


 


Les heures et les convois défilèrent longuement avant qu’un jeune soldat ne remarque le bagage esseulé. Il s’en approcha précautionneusement, actionna lentement les fermoirs et souleva le couvercle. La bouche grande ouverte, il resta coi, interloqué par sa découverte insolite : dans la malle, un bébé s’agitait, dérangé par la forte lumière. Machinalement, le jeune soldat la referma précipitamment, le cœur battant. Comme contrôlés par une force extérieure, ses bras semblèrent la saisir seuls, et il l’emporta délicatement, prenant garde à ne pas être aperçu, tout tremblant de ce courage insoupçonné.


 


 







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