Parue dans la revue L'Artiste en 1851, une nouvelle animalière poétique d'Elie Berthet (1815-1891).

 « Par une fantaisie de rêveur, je me plus à voir une forêt vierge en miniature dans cette végétation éphémère, sur laquelle mon souffle pouvait déchaîner une tempête.
Ces tiges entrelacées me rappelaient les arbustes innombrables qui arrêtent les pas du voyageur dans les solitudes du nouveau monde. Les rayons du soleil, tamisées par ces fleurs et ces feuilles confondues, arrivaient comme une rare et et fine poussière d'argent à la terre. En beaucoup d'endroits le plus petit insecte n'eut pu trouver passage à travers les troncs frêles et élancés de ces palmiers microscopiques. Le sol raboteux était encombré d'anciens détritus de graines et de mousse. Çà et là, entre deux fétus stériles, tremblait une grosse goutte de rosée où se fût noyé un moucheron, s'il eut osé traverser sans précaution ce lac mobile. »

Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k215574g/f50.item